"Matter Thinks" 2/2

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- Dans sa contribution au catalogue de l’exposition As Painting (2001), l’historien de l’art Stephen Melville évoque l’émergence dans la France d’après-guerre d’une « approche singulière du matérialisme ». Associant le marxisme avec des courants de pensée comme le structuralisme et la phénoménologie, ce modèle, selon l’auteur, s’appuie sur l’idée que « la matière pense ». S’inspirant de cette formule, notre session se demande comment interroger les oppositions binaires entre la matière et l’esprit, la matérialité et l’immatériel, sans pour autant annuler toute différenciation. En quel sens, donc, peut-on dire de la matière qu’elle pense ? Comment cette problématique se manifeste-t-elle en art ? De quelle manière cette idée d’une matière pensante est-elle réactivée par le digital et peut-on la relier à l’essor actuel des matériaux dits « intelligents » ? Réciproquement, en quoi la pensée peut-elle servir de matériau artistique et que veut dire considérer des pratiques plus traditionnelles telle la peinture comme des activités « théoriques » ? Les « nouveaux matérialismes » nous ont désormais accoutumés à l’idée que la matière est animée, pleine de vie et dotée d’une agentivité. Toutefois, si ces approches ont conduit, de façon salutaire, à revaloriser le statut de la matière et des matériaux ainsi qu’à remettre en question la domination du sujet humain sur toutes les autres entités, tant animées qu’inanimées, elles ne sont pas exemptes d’une certaine fétichisation de la matérialité. C’est cet écueil que le concept d’une matière « pensante » permettrait peut-être d’éviter. À cet égard, une autre source d’inspiration est la philosophe Elizabeth Grosz qui, dans son étude des limites du matérialisme, The Incorporeal (2018), appelle à « un nouveau nouveau matérialisme dans lequel l’idéalité a aussi toute sa place ». De fait, bien avant les « nouveaux matérialismes », les artistes se sont déjà attachés à repenser le dualisme de l’esprit et de la matière. Dans l’art contemporain, on citera Jean Dubuffet, dont les Paysages du mental (1950–1952) représentent les « mouvements de l’esprit » à travers les « concrétions de la matière », et celui de Robert Smithson, lequel a décrit son œuvre comme « une catastrophe silencieuse de l’esprit et de la matière ». Sans doute, pourrait-on trouver de nombreux exemples de la façon dont cette problématique a pu être abordée dans différents contextes culturels, géographiques et historiques. Si l’on insiste beaucoup aujourd’hui, et ce avec raison, pour renverser le primat traditionnel de la pensée sur la matière, il s’agit, avec cette session, de se pencher sur la manière dont l’art problématise l’articulation de la pensée avec la matière. Interventions : Bert WINTHER-TAMAKI - Flamboyant Matter: Practices of Burning in Art of the Economic Bubble of Japan During the 1980s Andreas BROECKMANN - The Anamnesis of Matter. Lyotard and the immatériaux Raya BAUDINET-LINDBERG - Corporéité des images numériques, une matière pensée.

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Lieu de l'événement :

Salle Saint-Clair 2
Centre de Congrès de

69006 Lyon

Dates et horaires :

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