Bétons apparents : stratégies plastiques. Empreintes, textures, aspects

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- Dans cette session centrée sur la matérialité propre du béton, on propose d’interroger les processus de projet qui intègrent une réflexion sur la question de l’animation des surfaces. On voudrait ainsi partir de ces dernières pour tenter d’analyser ce qui s’y projette. Par animation, nous entendons aspect, texture, empreinte, trace…, tout ce qui conditionne la visualité du matériau. En traverser la réalité implique en quelque sorte de retourner le bâtiment (comme entité matérielle mais aussi comme champ d’activités) sur lui-même. Ce serait alors, par une sorte d’involution, une façon de le saisir (le prendre, le comprendre) depuis l’épaisseur de ses surfaces et non plus seulement dans sa masse, sa géométrie, sa structure. Ce qui implique un déplacement de l’attention vers le temps propre de la coulée, au sein même des coffrages dont les murs en béton sont l’empreinte. Soit au seuil d’une opération technique de « prise de forme », dont on sait avec Gilbert Simondon qu’elle est à jamais voilée à ceux qui œuvrent à son accomplissement. Il n’y a pas que le ciment qui « prend ». L’agir du coulage se matérialise dans des traces spécifiques. Elles parlent. Que disent-elles ? C’est la question. Si dans l’histoire du matériau (béton), les débats architecturaux autour de cette question sont bien repérés, ils occultent souvent les stratégies mises en œuvre dans le champ constructif par les entreprises de bâtiment et les filières de préfabrication pour répondre (et ainsi en devancer les orientations, en termes industriels) aux exigences et à l’économie de la prescription. Tâcher de « donner une grimace au béton », comme le préconisait au début du XXème siècle François Hennebique, relève en effet d’un impératif incontournable pour celui du moins qui s’efforce d’imposer un matériau qui n’existe pas encore au-delà des cultures économiques et techniques qui en promeuvent l’usage (l’équipement industriel d’abord, le secteur dans son entier plus tard). Derrière ce mot d’ordre faussement désinvolte (donner une grimace…), il y a bien des choses. C’est le rouage productif d’une pratique naissante, qui invente ses outils, règle ses instruments, affine sa technique, cherche son langage à l’orée d’une histoire qui à la fois s’y ressource et s’en méfie. Enduit, blanchi, maquillé, tatoué, poncé, scarifié, exposant ostensiblement ses blessures… le béton fait signe, il accroche l’œil, il raconte quelque chose. Il y a là comme un récit, qui n’est pas que superficiel… Il semble important d’éprouver ce récit à l’aune du chantier de construction ou de l’unité de préfabrication ; ainsi aborder le jeu des procédures et des processus concrets où tant d’opérateurs se confrontent à la surface du matériau, et collaborent à la définition de stratégies d’intégrations plastiques parfois très volontaires dont les architectes se font les hérauts. À l’articulation du conçu et du construit, nous voudrions dans cette session interroger frontalement les traces d’une production qui souvent se dérobe au récit, tandis qu’elles en offrent imparablement le spectacle. Interventions : Juan Pablo PEKAREK - Le béton et les architectes en Argentine. Expression, nationalisme et transformations techniques (1918-1929). Neha KORDE Dr. Amit Kumar JAGLAN - Exploring an Experiential Sense of Beauty & Aesthetical Parameters of Tactility in Brutalist Architecture of India Khaoula HANNACHI, Mustapha CHEIKH-ZOUAOUI - Genèse et métamorphose de la matérialité du béton. Cas de la préfecture de Tiaret (1967-1974) de Jean Bossu. Diana MARTINEZ - Legitimizing the "Bastard" Material: Concrete, Local Aggregates, and U.S. Colonialism Giulia MORALE - ‘The flesh and the bone’: Alberto Burri’s Grande Cretto in Gibellina (1968–1980s)

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Lieu de l'événement :

Salle Rhône 3A
Centre de Congrès de

69006 Lyon

Dates et horaires :

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